Recherche

 
 

Une politique de recherche décentralisée et réactive au service du développement des projets des enseignantes-chercheures et enseignants-chercheurs et des unités de recherche

Une Université « humaine, confiante et innovante » doit proposer un projet de recherche ambitieux : créer de nouveaux savoirs, former à la recherche et par la recherche. La place des lettres, langues, sciences humaines et sociales (LLSHS) dans la recherche est fondamentale dans une période où nombre de verrous sont levés par les sciences dures, sans que les réflexions sociétales qu’elles induisent soient toujours menées.

Notre université doit avoir pour ambition de prendre sa place dans la création et la diffusion des savoirs ; pour cela, elle doit soutenir et développer l’ensemble des types de recherches (recherche quantitative et/ou qualitative sous ses diverses formes, recherche en laboratoire, recherche-action, recherche participative ou collaborative, recherche militante, slow research ou recherche-hybride) afin de favoriser le pluralisme des savoirs et de jouer pleinement son rôle au cœur de la Cité. 

Lyon 2 a toujours eu une culture de production et de valorisation de la recherche, ce qui lui a conféré une place de choix dans le paysage scientifique en LLSHS au niveau national et international. Cependant, au fil des années, des difficultés diverses, certaines relatives à des politiques nationales comme par exemple les dotations budgétaires des établissements et d’autres à des politiques internes comme par exemple l’absence d’une vraie stratégie d’allocation de temps pour la recherche aux EC, semblent remettre cette place en cause.

Au niveau national, le projet de loi de programmation de la recherche (LPR) ouvre des perspectives d’évolution inédites et, pour une part, inacceptables, soulevant encore de nombreuses inquiétudes. Nous nous sommes associés aux diverses prises de position, souvent unanimes, de notre communauté sur ce thème et considérons qu’il est plus que primordial de renforcer la place accordée aux LLSHS dans ce texte tout en harmonie avec les sciences dures, la combinaison de nos approches constituant la richesse de l’enseignement supérieur. Nous serons particulièrement attentifs, dès l’application de ce texte, à la préservation du statut des chercheurs et enseignants-chercheurs en luttant notamment contre la paupérisation de la recherche et à l’utilisation réfléchie des nouveaux dispositifs favorisant la recherche dans le cadre d’une Commission recherche, qui aura à jouer un rôle clé en tant qu’instance de débats et de décisions en la matière.

Au niveau de l’établissement, la politique de recherche n’a pas forcément répondu aux attentes des EC et du personnel administratif qui les accompagne au quotidien, ni en termes de politique d’emploi, ni en termes d’organisation ou de procédures de gestion de projets de recherche, créant le sentiment d’un manque de soutien de la part des services centraux. Ces difficultés ne sont pas tant le fait des individus que des structures et du pilotage de la recherche. Les attentes croissantes des EC concernent essentiellement le dégagement de temps permettant de se concentrer sur leurs travaux de recherche. Lorsqu’il n’est pas aspiré par l’enseignement et la gestion administrative des formations au-delà des 50 % attendus, le temps administratif de la recherche devient, en effet, de plus en plus important, au détriment des travaux scientifiques eux-mêmes. Ceci est d’autant plus vrai lorsque les projets sont transversaux ou internationaux.

Les EC et collègues administratifs affectés à la recherche ont des attentes multiples à l’égard de l’accompagnement, auxquelles nous souhaitons répondre.

  • Un accompagnement global et complet sur le montage des projets allant au-delà de l’aspect financier, incluant la compréhension des logiques scientifiques et de portage de différents projets de recherche.
  • Un accompagnement en termes de gestion stratégique des ressources humaines dédiées à la recherche (un rééquilibre entre les postes dans les unités de recherche au plus près des chercheurs et ceux affectés aux fonctions supports doit être mené au profit des premiers).
  • Une amélioration de l’accueil de partenaires, de chercheurs et enseignants-chercheurs invités (aide au logement des professeurs invités, avances financières, etc.), des personnels de recherche temporaires (« pack » de bienvenue) et de l’accompagnement des équipes dans la bonne gestion de ces personnels. Des logements CROUS loués à l’année par l’université pourraient accueillir ces visiteurs.
  • Un accompagnement dans la gestion des manifestations scientifiques (gestion financière, communication, support technique et financier…).
  • Un accompagnement dans la gestion des données (ingénierie de plateformes de données) ainsi qu’en matière de financement de l’achat de certaines bases de données secondaires existantes.
  • La formation des directeurs d’unité, en particulier pour les équipes d’accueil (EA) futures unités de recherches (UR), qui ne bénéficient ni des formations pour la direction d’unité (DU) des UMR avant la prise de fonction, ni de celles mises en place pour gérer l’après direction d’unité (passation de la direction et reprise d’activités non liées à la fonction de DU, etc.). 
  • Déployer une politique ambitieuse et raisonnable de soutien à la Science Ouverte (voir infra).

Forts de ces constats, la liste Changer Lyon 2 se fixe comme objectif majeur l’amélioration de la politique de recherche en adoptant une vision ouverte et dynamique de celle-ci qui permettra à Lyon 2 de retrouver son crédit et sa place sur le site LSE. Pour ce faire, nous devons profondément changer nos modes de fonctionnement et construire une université soutenant fortement sa dynamique de recherche et son articulation avec la formation.

Restaurer le rayonnement de Lyon 2 en favorisant une recherche ouverte et dynamique

Malgré les grandes qualités de ses chercheurs, Lyon 2 a perdu de son aura. Pour y remédier, et compte tenu de l’évolution du contexte sur le site, notre université doit impérativement retrouver, grâce à une équipe renouvelée et une confiance réinstaurée, sa capacité à dialoguer avec les partenaires académiques du site et contribuer à la construction d’un programme de recherche pour les quatre prochaines années véritablement collaboratif et permettant d’exploiter toutes les synergies possibles afin de donner de la visibilité à la recherche non seulement menée à Lyon 2 mais aussi sur le site que ce soit en termes de thèmes de recherche privilégiés, de manifestations scientifiques organisées, de partenariats SHS-sciences dures, etc.

À cette fin, Lyon 2 doit développer une recherche ouverte et dynamique, seule à même de renforcer l’intégration de nos recherches avec celles de nos partenaires du site.

Proposer une vision ouverte et dynamique de la recherche 

S’il est fondamental que la recherche produite dans notre établissement soit rendue encore plus visible et accessible, la constitution « à marche forcée » des pôles de spécialité ne semble pas y parvenir. Au-delà de l’incompréhension face à la façon dont ces pôles ont été constitués, nombre de nos collègues s’en sentent exclus. Rendre l’initiative aux acteurs de la recherche avec le soutien des services centraux comme la DRED est une nécessité. En lieu et place, un périmètre de pôles de compétences plus flexible et potentiellement perméable semble nécessaire, permettant des changements en fonction de l’évolution des projets et des partenariats. Ces pôles de compétences, organisés autour des activités prioritaires ou communes de différentes unités de recherche, pourront être initiés à partir de chaires partenariales regroupant des chercheurs et des partenaires d’origines diverses (établissements du site, nationaux ou internationaux, opérateurs socio-économiques, organismes de financement…). Selon les cas (ressources humaines, compétences, partenaires), ces chaires seront développées soit sur des thématiques transversales structurant l’activité scientifique de Lyon 2, soit sur des thématiques disciplinaires à haut potentiel de valorisation.

L’Université Lumière Lyon 2 doit proposer une vision ouverte et dynamique de la recherche articulant deux logiques complémentaires : s’inscrire dans la tendance actuelle des projets transversaux tout en permettant le financement de projets mono-disciplinaires. Elle doit ainsi développer les moyens de lancer des projets répondant à des problématiques sociétales émergentes (lui permettant de développer une recherche en phase avec les attentes de la Cité) et de soutenir des projets d’envergure nationale ou internationale. Pour cela, les appels à projets internes seront maintenus dans leur principe, mais aménagés de telle sorte qu’il soit moins lourd d’y répondre et que davantage de collègues puissent y concourir. Ces appels comprendront également un volet destiné uniquement aux nouveaux arrivants (MCF ou PR) si ces derniers devaient ne plus pouvoir prétendre aux appels Impulsion en vigueur jusque-là. Ces fonds de démarrage présentent un double intérêt. Ils augmentent l’attractivité de notre établissement et permettent aux nouveaux collègues de prendre le temps de répondre à des appels à projets plus ambitieux. 

Proposer une offre de soutien à la recherche claire et visible centrée sur les principes de la science ouverte

Au-delà de l’archive ouverte pluridisciplinaire HAL et de la question des publications, nous déploierons une politique forte d’appui aux différentes dimensions de la science ouverte sous la forme d’un guichet unique, à l’image des pépinières Openedition qui se développent dans certaines universités ou du digital scholarship à l’anglo-saxonne, réunissant une équipe resserrée d’acteurs de terrain (parmi les documentalistes en laboratoire, la MSH-LSE, le SCD, la Direction de la recherche, le SESAP). Il ne s’agirait pas de fusionner ces structures mais plutôt, et bien au contraire, de mettre en cohérence et rendre visibles les moyens et expertises, de recenser et faire circuler les bonnes pratiques et outils présents dans les équipes, autour des thèmes :

  • de la numérisation (ex : plateformes de la MOM, services de la MSH-LSE, etc.),
  • du traitement, de la gestion et de la modélisation des données (ex : savoir-faire du Pôle Histoire Numérique du Larhra),
  • de la rédaction de plans de gestion de données (PGD),
  • de la FAIRisation des données[1],
  • de la publication ouverte (liens avec l’incubateur Prairial de revues de Lyon),
  • du recensement et de la valorisation de la production scientifique,
  • de la reproductibilité de la science.

Disposer d’une telle structuration permettrait une véritable professionnalisation des actions déjà présentes et des ressources humaines les portant. L’Université Lumière Lyon 2 doit sortir de la traditionnelle prise en compte de ces problématiques par une gestion court-termiste et opportuniste basée sur des moyens humains non pérennes – coup d’accélérateur au moment de l’HCERES, financement de projet, CDD court, post-doc – entraînant une perte de savoir-faire et brouillant le paysage.

Une telle approche aurait par ailleurs l’avantage de créer de très fortes synergies avec la transformation numérique de l’université souvent considérée jusqu’à présent comme n’impactant que les processus de gestion interne et l’enseignement. Ce type d’approche aurait enfin le mérite de proposer un réceptacle de la diversité des projets brillants mais structurellement dispersés relevant des Humanités Numériques (fortement liées aux questions de science ouverte de FAIRisation des données) et de permettre un relai actionnable et une consolidation de ces réussites présentes ici dans une équipe au sein d’un laboratoire, là sous forme d’un séminaire de doctorants, ici encore via les liens avec un consortium en pointe, etc. Cet éclatement étant structurel, on ne peut que créer les conditions d’une mise en commun et d’une valorisation interne à la communauté.

Bien entendu, une politique science ouverte efficace nécessitera une représentation solide de notre établissement dans les instances locales, nationales, européennes et internationales structurant ces sujets. Cela passera par dégager du temps pour les EC les ingénieurs de terrain, les responsables de services afin qu’ils puissent à la foi participer à ces réseaux (RDA-France, GT du CoSO, inSHS, réseaux métiers M@TE, Renatis, etc.) et partager leur expérience auprès des membres de la communauté Lyon 2. Penser un soutien pérenne logistique pour les unités de recherche ne disposant pas de bibliothécaire dédié est une nécessité si l’on veut réussir cette avancée vers les sciences ouvertes et permettre la plus large diffusion possible des savoirs produits au service de la Cité.

Être au cœur des activités de recherche menées en collaboration avec des partenaires du site 

L’Université et son personnel ont été moteurs et ont œuvré au cours des dix dernières années au développement de relations solides avec les autres établissements du site. De nombreux laboratoires (UR et UMR) sont multi-tutelles et il faut veiller à ce qu’ils puissent le rester. Notre établissement œuvrera à maintenir un dialogue continu avec les autres établissements afin de mettre en commun certains financements et surtout de continuer à répondre ensemble à tous les appels à projets partenariaux.

Comme indiqué précédemment, les dix dernières années ont été consacrées à tisser des liens avec les différents partenaires du site. Alors que la création d’un Établissement Cible aurait dû venir consacrer les dynamiques antérieures, force est de constater que ce n’est que partiellement le cas. La faute en revient sans doute à la posture ambiguë de l’équipe présidentielle en place, mais également aux conditions de mise en œuvre de la fusion. Malgré les incertitudes actuelles, nous affirmons notre volonté que les collaborations tissées se trouvent renforcées (et ce, quel que soit le futur institutionnel du site). Lyon 2 doit pouvoir non seulement conserver sa place dans les partenariats sans être regardée avec défiance, sans être marginalisée ni isolée, mais surtout en être un partenaire incontournable. Une nouvelle équipe à la gouvernance, sans passif et soucieuse de participer activement à la structuration du site Lyon-Saint-Étienne, facilitera nécessairement le renouveau de ce dialogue. Être considérée comme un partenaire institutionnel incontournable et fiable, celui qui impulse et dynamise les activités de recherche, doit constituer un objectif permanent majeur de l’Université Lumière Lyon 2, afin de conserver et renforcer sa visibilité dans l’écosystème local et régional.

Nous sommes convaincus de la capacité de Lyon 2 à jouer un rôle clé de contributeur dans la reconstruction des collaborations de recherche sur le site – en tant que représentant universitaire des SHS sur le site et d’animateur de ces collaborations. À cette aune, la question institutionnelle ne devra venir qu’en soutien d’un véritable projet scientifique de site afin que les institutions servent les chercheurs et le projet qu’ils portent ce projet, qu’elles ne privent pas de sens les missions accomplies et qu’elles participent à l’amélioration de la qualité de vie au travail de l’ensemble des acteurs. Autant de conditions sine qua non pour susciter l’adhésion et ne pas revivre les deux échecs antérieurs.

La qualité des relations et le partenariat avec le CNRS doivent enfin redevenir centraux . Les UMR ayant pour tutelle Lyon 2 doivent pouvoir continuer à œuvrer dans les meilleures conditions, soutenues par toutes leurs parties prenantes. La valorisation et le renforcement des liens existants avec des structures comme la Maison des Sciences de l’Homme Lyon-Saint-Étienne (MSH-LSE), qui participe au fonctionnement quotidien des laboratoires, à l’accompagnement ou à la facilitation des missions de recherche, sont essentiels.

Assurer l’avenir du doctorat et de la formation doctorale 

La mise en cause des liens forts existant actuellement sur le site trouve sa pleine expression dans les incertitudes qui ont pesé, et pèsent pour partie encore, sur la formation doctorale commune, laquelle confère une véritable diversité qu’un établissement seul aura de la difficulté à garantir. L’exemple des Écoles Doctorales communes entre plusieurs établissements est le plus représentatif. Nous nous félicitons que les liens semblent en passe de se maintenir, les formations doctorales demeurant mutualisées malgré une possible distinction des doctorats délivrés. Nous regretterions vivement cette séparation des doctorats et la remise en cause actuelle de la constitution de l’établissement cible doit être pour nous l’occasion de défendre à nouveau avec énergie la possibilité de préserver ce qui a été construit au cours des dix dernières années. Conserver une formation doctorale de site irait dans le bon sens pour asseoir notre place et notre spécificité dans l’écosystème actuel, mais surtout pour le bien des doctorants et de la qualité de leur formation. De façon plus générale, l’université Lyon 2 doit veiller à la qualité de la formation doctorale qui passe par des actions diverses, entre autres, par une offre suffisante des contrats doctoraux (ex. fléchage de quelques contrats en fonction des thématiques prioritaires définies de manière collégiale par les membres de la CR tout en prenant en compte les priorités des ED et UR, développement de partenariats internationaux de formation doctorale, contrats à destination de chercheurs en situation de handicap) et une animation dynamique de la vie doctorale non seulement à l’échelle des ED, mais de l’établissement (ex. journées de doctorants toutes ED confondues, prix de thèse).

Le rayonnement de la recherche de Lyon 2 sur le site et au-delà exige de repenser la politique de la recherche afin de construire une université tout entière dédiée au développement de la recherche et favorisant son articulation avec la formation.

Construire une université plus fortement tournée vers le développement de la recherche et son articulation avec la formation

Le quotidien des chercheurs et enseignants-chercheurs au sein de l’Université Lyon 2 doit être repensé pour que l’énergie mobilisée ne soit pas entravée par des problèmes de fonctionnement. Tout doit être conçu pour faciliter le travail du chercheur afin de lui garantir le plus de temps disponible possible pour ses travaux. Nous proposons, pour cela, une série d’évolutions qui doivent replacer la recherche à sa place dans le fonctionnement de l’université.

Proposer une gouvernance collégiale de la recherche 

La gouvernance de la recherche, à travers la Commission Recherche (CR), doit devenir plus collégiale. Les discussions doivent être ouvertes, les prises de décisions discutées en commission et alimentées par cette commission, concernant la politique scientifique, les stratégies de recherche et l’établissement de collaborations avec différents partenaires. Elle ne doit plus être une simple chambre d’enregistrement des décisions prises par la Présidence (comme par exemple, la mise en place des Pôles de Recherche). Des sessions trimestrielles dédiées à l’élaboration ou à l’évolution de la stratégie en termes de recherche de l’établissement seront mises en place. Ces sessions pourront être ouvertes à des invités susceptibles d’éclairer les débats. On pourra ainsi regretter que des sujets aussi importants que le devenir des Écoles Doctorales, face au remaniement des partenariats et l’Établissement Cible, ne furent jamais réellement discutés avec l’ensemble des acteurs de la recherche de Lyon 2, fragilisant la gestion démocratique de la recherche au sein de notre établissement. Nous nous engageons à toujours agir en nous appuyant sur le dialogue et l’intelligence collective pour trouver le meilleur équilibre pour notre communauté.

Protéger les équipes de recherche et renforcer la dynamique la recherche 

La structuration et le soutien aux équipes de recherche sont une question centrale de l’Université de demain. La requalification des Équipes d’Accueil en Unités de Recherche peut être vue de façon multiple : une plus grande souplesse au niveau des établissements ou alors une potentielle plus grande fragilité de ces équipes soumises à un pouvoir local potentiellement discrétionnaire. Ainsi, toute proposition d’équipe nouvelle ou de restructuration d’équipe existante devra faire l’objet d’une évaluation collégiale par des membres de la Commission Recherche. C’est aux membres de cette Commission de discuter et d’établir des règles claires concernant la constitution de nouvelles équipes et la façon de leur laisser du temps pour « grandir », la règle de calcul de la dotation (financière et RH) lors de la période de constitution, et la restructuration d’équipes si elle devait être envisagée.

Un travail a été fait, au cours de la dernière mandature, de réaffectation de certains enseignants-chercheurs de l’établissement à un laboratoire. Ce travail était nécessaire et doit être facilité et poursuivi dans le respect des souhaits des enseignants-chercheurs concernés. Cependant, nombre de ces collègues sans rattachement à un laboratoire étaient en fait éloignés de la recherche et certains en manque de motivation. Un tel éloignement de la recherche est dommageable, considérant qu’indépendamment de la « productivité » des chercheurs et des laboratoires, la recherche est également, et avant tout, un moyen de proposer un enseignement universitaire de qualité. Pourtant, rien n’a été fait pour accompagner les laboratoires dans leur intégration de ces chercheurs alors que des actions simples telles que des appels à projets internes pour réactivation de l’activité de recherche, encourager des codirections de thèses, pourraient faciliter et assurer une intégration réussite.

Protéger les équipes de recherche signifie aussi protéger le temps de recherche disponible. L’articulation entre les fonctions de formation, d’administration et de recherche nécessite d’être repensée à travers un référentiel juste et réaliste. Penser ainsi nécessite une meilleure articulation entre les UFR et les laboratoires. Cette articulation pourrait passer par la création de postes d’assistants de recherche étudiants. Des étudiants de master pourraient ainsi aider dans l’accomplissement de tâches et être initiés à la recherche. Par ailleurs, une réflexion pourrait être menée sur une offre d’« année recherche » qui viendrait renforcer et élargir les CRCT actuels dont ne peuvent profiter que très peu d’enseignants-chercheurs. Au-delà, une mutualisation de ressources humaines et matérielles pourrait être envisagée à travers la création de postes support (ingénieur d’étude ou de recherche), de plateformes de recherche inter-laboratoires ou de bases de données (par ex. annuaire de partenariat).

Proposer des services de qualité aux unités de recherche 

La centralisation croissante des décisions et de la réalisation des opérations, qui suit une logique de contrôle plutôt que de confiance, a mené à des relations souvent complexes, voire tendues entre les unités de recherche et les services supports. Notre personnel, les différents collaborateurs sont pourtant compétents. Il est nécessaire de mobiliser ces compétences au service d’une vision plus ouverte et confiante de l’organisation. Les services centraux doivent être vus comme des services facilitants. Pourtant, le constat fait aujourd’hui est une absence de dialogue, de compréhension réciproque et de fluidité à la fois entre les différents services centraux et ces services et les laboratoires. Dès lors, il y a nécessité de mieux articuler les services, par exemple, en prévoyant la présence de « traducteurs » entre les services. À l’instar d’un support institué à la DRED d’une personne en charge des questions financières, un poste équivalent en charge des questions juridiques pourrait être mis en place. La compréhension par les services centraux des activités et des besoins des laboratoires pourrait être améliorée par la présentation régulière des activités de laboratoires au personnel de la DRED (rencontres régulières avec les DU et visites de laboratoires) ; l’information systématique des directeurs de laboratoires des échanges interservices leur permettra un suivi facilité des dossiers. Nous développerons une réelle politique d’acculturation à la recherche en organisant une meilleure interconnaissance entre services supports et unités de recherche.

Proposer des services de qualité aux unités de recherche passe par un renforcement de la culture interne de service, ce qui implique a minima deux choses. Tout d’abord, mieux se connaître pour mieux se comprendre et bien se respecter. Les personnels administratifs, les enseignants-chercheurs et les chercheurs ont des modes de fonctionnement très différents, des temporalités souvent éloignées, ce qui est parfois sources de tension ou d’incompréhension. Pour répondre à cela, un dialogue formalisé et régulier entre les services facilitera une plus grande réciprocité, une symétrie des attentions entre les différents corps de métier, pour mieux travailler ensemble. Cela implique des personnels à qui l’on rend une autonomie de décision, mais que l’on rend aussi responsables de leurs choix et de leurs actions, ainsi qu’un management par la confiance qui passe notamment par une réduction du nombre de procédures. Développons-en cela une “approche solution” : plutôt que de dire que ce n’est pas possible, prévenons le demandeur, proposons une alternative lorsqu’une demande est rejetée ou motivons précisément les raisons du rejet afin d’en faciliter la compréhension et permettre l’amélioration du projet dans la perspective des appels à venir. Il nous semble que renforcer la communication et la transparence sur les décisions prises ne peut que permettre à chacun de mieux comprendre son environnement et de s’y épanouir.

De façon plus large, il existe, de la part des unités de recherche, une véritable attente d’un accompagnement pour le développement de projets et de recherche de financements. Des efforts ont été faits dans ce domaine, mais ils sont encore insuffisants et seront accrus pour bien répondre aux besoins grandissants. De même, cette attente existe concernant la communication, la diffusion des activités de recherche et l’organisation d’événements scientifiques. Il appartient à l’université de proposer à la fois un soutien institutionnel et un soutien individuel aux chercheurs.

Développer le soutien institutionnel exige de rendre nos unités et nos productions plus visibles grâce à un relai facilité avec la cellule communication de l’établissement, et un soutien pour la traduction systématique des sites internet des laboratoires (qu’ils soient hébergés par Lyon 2 ou d’autres structures – MSH, MOM, UdL). Par ailleurs, le soutien à la recherche doit passer par une politique de soutien au développement du numérique dans la recherche. Il consistera par exemple en développement des outils de collaboration, de communication, de partage, de diffusion interne et externe des activités scientifiques et des résultats de recherche, développement des outils communs et partagés de gestion de laboratoire et de pilotage de projet de recherche, en développement de la bibliométrie pour la valorisation de la recherche, la veille des appels à projet, renforcement de l’équipement numérique de laboratoires de recherche.

La nécessité de proposer un soutien individuel aux chercheurs s’appuie sur des constats simples, quasi quotidiens. Nombre de nos personnels sont souvent démunis face à l’organisation d’événements de taille importante. La difficulté de trouver des salles ou de les réserver suffisamment à l’avance pour sécuriser l’événement (surtout lorsque celui-ci est d’ampleur et international) n’en est qu’un exemple. Ainsi, certains collègues, lorsqu’ils en ont la possibilité, préfèrent parfois se tourner vers d’autres établissements où ils se sentent mieux accompagnés pour organiser ces évènements (la centralisation des réservations d’hôtel, les liens avec l’office du tourisme, la facilitation des paiements en ligne, la coordination des actions de communication). Cela prive notre université d’opportunités de rayonnement et alimente, malgré l’investissement sans faille des personnels, le sentiment qu’il est plus simple d’agir ailleurs.

Il convient donc de proposer de services de support renforcés et de rétablir un fonctionnement facilitateur pour qu’il soit aisé de faire et diffuser la science à Lyon 2.

Les unités de recherche bénéficient à ce jour de gestionnaires dont les prérogatives pourraient être étendues. À titre d’exemple, certains établissements sur le site leur confient des cartes bancaires permettant les paiements en ligne, de plus en plus exigés lors de l’inscription à des conférences internationales. Cet outil, nécessairement encadré, est très facilitateur. Pour certains laboratoires, l’ensemble des tâches de secrétariat, de communication en général et de gestion du site Internet, etc., incombe aux directeurs et membres de laboratoire. Il serait cependant une traduction concrète de la confiance que nous devons nous faire les uns les autres, autrement dit d’une réelle volonté de renforcer l’autonomie des agents. Attribuer à chaque UR un temps de secrétariat suffisant et créer un réseau des gestionnaires de laboratoire afin qu’ils puissent travailler ensemble pour élaborer des bonnes pratiques par exemple, serait une vraie valeur ajoutée. Créer une cellule support de sites internet de laboratoires et de communication autour de la recherche pourrait également être une solution.

Faciliter et étendre le financement de recherche 

Il est évident que les sources de financement actuelles et récurrentes doivent être préservées et, dans la mesure du possible, renforcées. Il est cependant nécessaire de retrouver de la souplesse tout en respectant le cadre financier dans lequel nous devons évoluer. L’élargissement du financement des projets de recherche pourrait en partie s’appuyer sur la création d’une fondation propre à notre établissement. Celle-ci serait constituée de telle sorte qu’elle puisse facilement s’intégrer dans une fondation plus large si l’évolution de la structuration du site le rendait nécessaire. Une telle structure contribuerait à une plus grande souplesse et une plus grande autonomie de la gestion financière des projets tout en permettant de dégager des ressources propres que Lyon 2 pourrait investir au service des branches disciplinaires plus fragiles ou moins sujettes à financement. En mobilisant de nouveaux réseaux de financement, la création d’une fondation permettrait également de dégager des ressources supplémentaires qu’il sera possible de ventiler à la fois au soutien de la formation doctorale et au soutien des manifestations scientifiques.

Par ailleurs, il serait possible de créer une filiale de droit privé de notre établissement. Ce type de structure permettrait d’héberger des financements liés à des projets et, tout en en faisant une gestion rigoureuse, d’autoriser des dépenses avec souplesse, par exemple des remboursements sur facture, des achats (plafonnés) hors marché ou par carte bancaire. Si nous adoptions le même fonctionnement que Lyon 1, un pourcentage des fonds déposés reviendrait à notre établissement, par exemple pour abonder les appels à projets internes.

Enfin, les programmes des investissements d’avenir rendent possible la constitution de sociétés universitaires de recherche. Ces structures permettent d’assouplir les modes de gestion de la recherche sur certains programmes prioritaires en lien avec les besoins socio-économiques du territoire. Nous proposons que Lyon 2 lance une réflexion et un débat interne afin de déterminer si le recours à ce type de dispositifs, accompagné des garanties d’indépendance des chercheurs et de péréquation des ressources dégagées, est souhaitable. Il s’agit ici de mener une politique de diversification des ressources de la recherche, permettant à chacune et chacun d’en tirer bénéfice.

Nos actions clés pour la recherche 

  • Reprendre ou poursuivre le dialogue avec les membres de l’Établissement cible sur tous les dossiers liés à la recherche (unités de recherche multi-tutelles – UMR et UR, formation doctorale, partenariats…), au regard des derniers événements.
  • Confier plus largement les décisions relevant de la recherche et des écoles doctorales à la Commission Recherche.
  • Promouvoir activement la compréhension entre les différents acteurs de la recherche.
  1. « L’objectif des principes FAIR est de favoriser la découverte, l’accès, l’interopérabilité et la réutilisation des données partagées. Chaque principe FAIR se décline en un ensemble de caractéristiques que doivent présenter les données et les métadonnées pour faciliter leur découverte et leur utilisation par les hommes mais aussi par les machines » (https://www6.inrae.fr/datapartage/Produire-des-donnees-FAIR).